Le samedi 12 novembre 2022 des militants d'Attac 06, d’ Extinction Rebellion, d’ ANV et d'Alternatiba  sont venus manifester au port de Nice devant un méga-yacht pour dénoncer l'empreinte carbone d’un méga-yacht de 80 m dont les soutes à carburant peuvent contenir jusqu’à 306 000 litres de carburant.

     Suivant les informations communiquées par le représentant de ces associations : Ce méga-yacht consommerait 3 000 litres de gazole aux 100 km, soit 78 tonnes d'émission de CO² … aux 100 KM. Ce qui correspond à huit années d’émission de CO² pour un Français moyen. Et en conclue : « L'empreinte carbone démesurée des ultra-riches. À une époque où on conseille aux Français de faire pipi sous la douche et de porter des cols roulés, c'est indécent ! : Il faut arrêter ces criminels climatiques, »

     Cependant le sujet devient intéressant lorsque la représentante d'Attac poursuit : Et le propriétaire de ce méga-yacht n'est pas  le seul  « Parce que ce ne sont pas seulement des criminels climatiques, ce sont aussi des criminels fiscaux. » ! L'argent qu'ils nous volent serait utile pour financer la transition écologique. »

     Au banc des accusés « Bernard Arnault, le patron de LVMH », « Patrick Pouyanné, le fossoyeur de Total Énergies etc.

     Les militants remballent la banderole, mais pas leurs revendications. Ils réclament « le rétablissement de l'ISF, une taxation sur les profits et, surtout, l'interdiction des jets privés et des méga-yachts. »

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Jusque-là … rien d’anormal … chacun est libre d’exprimer son point de vue. Les propriétaires en sont pleinement conscients : Les Yachts, les Super-Yachts, les Méga-Yachts tout comme les navires de la marine marchande, les pétroliers, les céréaliers, les ferrys, les portes containers et bien d’autres navires sont effectivement des gros pollueurs de l’environnement. Mais sont-ils pour autant des « Criminels Climatiques » ?. Les protagonistes brandissaient le rétablissement de l'ISF. Si cet outil était jugé utile, alors pourquoi pas ?. Mais nous devons aussi analyser méthodiquement cette branche touristique très spécifique.

     En effet, en additionnant son budget opérationnel, sa caisse de bord APA en navigation, et les dépenses à terre des clients un yacht de 50m dépense en moyenne 2.2M€. par an.  Malheureusement, aujourd'hui personne n'a encore une idée précise de l'impact positif de l’industrie du yachting sur l’économique locale et régionale. Une étude est en cours, mais à la vue de ces chiffres , il est évident que l'impact économique sur nos côtes est considérable en retombées directes et indirectes.

     De plus, grâce à leur mobilité, ces yachts ont la possibilité de migrer facilement vers d'autres pays si les conditions fiscales ne leurs sont pas favorables. Il devient alors très important de prendre en compte le manque à gagner résultant de l’exode des yachts qui abandonneraient nos côtes françaises, si le retour de l’ISF venait à s’imposer.

     Enfin la plupart des yachts sont immatriculés à l'étranger et ne pourraient probablement pas être taxés autrement que par la TVA (ce qui est déjà le cas).

     Il est peut-être opportun de rappeler qu’au premier trimestre 2022 le Yachting Professionnel International inscrivait à son inventaire 5892 Yachts de plus de 24 mètres. La flotte française représentant 1.2 % de la flotte internationale soit seulement 70 Yachts sur une flotte de près de 6000 Yachts .     Pendant la Période COVID (début 2019 à fin 2021) bien que le nombre de yachts de plus 24 mètres mis en service ait enregistré une croissance de 178 %, le nombre de destinations sur les côtes de notre arc méditerranéen a, quant à lui, baissé de 53 %. Fin du premier trimestre 2022 la flotte du Yachting Professionnel International se composait ainsi : Yachts de 24 à 50 m = 4957, Yachts de 50 à 80 m = 753, Yachts de plus de 80 m  =  182 soit une flotte de 5892 Yachts.

De nos jours, où les activistes écologistes dénoncent de plus en plus le yachting comme une activité polluante en CO² : Ce qui est un fait indéniable, sur lequel les propriétaires et les capitaines de yachts sont parfaitement conscients. Très sensibles à la protection de l’environnement ils ont engagé de gros efforts collectifs pour améliorer leur empreinte carbonne avec des solutions pérennes.

     En effet, les armateurs et la clientèle de ses yachts sont plus que concernés par l'écologie et la préservation de l'océan. Ils sont aussi les plus motivés pour entreprendre et à expérimenter eux-mêmes la mise en place de nouvelles technologies sur leurs futurs navires. Les nouvelles générations de milliardaires poussent en faveur du développement écologique.

     Le yachting, grâce à sa force financière est ouvert pour participer au développement de nouvelles énergies et de nouvelles technologies. À l'exemple de Tesla ; même si une voiture électrique aussi lourde n'est peut-être pas la meilleure solution aujourd'hui, elle a le mérite de contribuer à la recherche et à l'amélioration d'une technologie.

Lors de son Yachting Meeting du 4 mars 2022, l’AIYA s’est engagée à accompagner ses partenaires pour « Anticiper les mutations de la filière Yachting » dans la cadre du « Projet FAMEX » mis en place par le Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence Économique de la Mer Provence Cote d’Azur.

      Cette expérience de nouveau carburant est prometteuse, il nous faut davantage de communication sur l'offre actuelle du HVO. Cette grande première n'a pas encore bénéficié de la visibilité espérée sur l’ensemble des Professionnels du Yachting International et du grand public.

     Pour rassurer les propriétaires ou les capitaines il convient de rappeler que cet avitaillement n’aurait pu s’effectuer sans l'accord du motoriste Caterpillar qui équipe le Moteur Yacht LAMMOUCHE, qui a confirmé que ce biocarburant n'affecte ni la puissance du moteur ni ses performances.

     Le HVO n'est peut-être pas la meilleure des solutions, mais à court et moyen terme, elle en est indéniablement une pour assurer la transition. Seuls les futurs yachts en construction pourront alors être motorisés avec des propulseurs à énergie décarbonée et renouvelable. Cependant les yachts actuellement en activité, ne sont pas conçus pour recevoir ces nouveaux équipements sans d’importantes modifications faute de place dans les machineries. D’autres difficultés liées au maintien du centre de gravité du navire ou aux conditions de sécurité sont des contraintes qui limiteront les possibilités de reconversion.

     Cependant ce nouveau carburant ne nécessite aucune modification des dispositifs de propulsion existants. Il ne s’agit que de la substitution du carburant classique par le HVO pouvant être stocké dans les cuves existantes. Il permet à la grande majorité des yachts actuellement en activité de se convertir rapidement. Le yachting ne représente que 3% des approvisionnements en gasoil maritime. Autrement dit, même si la production de HVO est limitée, les propriétaires et les capitaines sont prêts à décarboner l’activité du yachting sans attendre.

     Rien ne sert de lancer des anathèmes sur les propriétaires de yachts et de crier au loup climatique. Les activistes feraient bien de féliciter les initiatives comme celle entreprise par La société propriétaire du MY LAMMOUCHE. Est-il utile de rappeler que l’industrie du Yachting contribue fortement à notre économie régionale par ses retombées directes ou indirectes.

     Le monde de la Grande Plaisance est fier de pouvoir aujourd’hui présenter une solution écologique viable et pérenne, où force est de constater que les autres industries n’ont toujours pas réussi à mettre en place.

     Les solutions qui peuvent réduire la pollution sont toutes forcément plus coûteuses. Soyons satisfaits que quelques privilégiés acceptent de payer plus cher pour montrer l’exemple et pour nous aider à démocratiser les solutions.